28 avril 2022 – ldd…
Bonjour,
La nuit de lundi à mardi de cette semaine, j’ai été témoin d’une certaine violence chez mes voisins à 4h du matin. L’homme (papa et mari) a mis sa petite fille de 3 ans à la porte dans le corridor de l’immeuble et a commencé à l’insutlé, ce qui m’a réveillé. Je suis allée écouter derrière ma porte palière et j’ai entendu des « t’es une sale peste, à la place de ta mère je t’aurais mis 5 fois plus, fous le camp » puis apparemment, la maman est allée rejoindre sa petite dans le corridor et il a ensuite lancé des « t’es une sale arabe, t’es une pute, t’es une sale merde » et la porte a claqué.
J’ai ouvert ma porte et j’ai trouvé la maman et sa petite dans les bras, toutes les 2 en pyjama sans chaussette, jetée de leur appartement. J’ai fait signe à la maman de venir chez nous et elle est venue se réfugier quelques heures avec sa fille sur notre canapé.
Je n’ai pas voulu trop m’immiscer dans tout cela, je lui ai demandé si ça allait, j’ai donné une couverture à sa fille et de l’eau puis je lui ai dit de rester ici, de se reposer et que je remontais me coucher. A 6h30, je suis venue les voir et nous avons dû changer la petite qui était complètement mouillée de pipi dans sa couche et ses habits. Comme j’ai un petit garçon, je lui ai donné des nouveaux habits et une couche propre ainsi qu’une paire de chaussette à la maman. Elle m’a dit comme elle pouvait car elle ne parle pas bien français qu’elle pouvait rentrer car maintenant son mari devait être en train de dormir. Sauf que lorsqu’elle a voulu rentrer chez elle, la porte était fermée à clé et après avoir sonné maintes fois, il n’a pas répondu. Elle n’avait rien avec elle, pas de téléphone, rien. Je lui ai dit que malheureusement, je pouvais rester jusqu’à 8h mais que je devais aller travailler ensuite et elle a dit que si elle n’arrivait pas à rentrer, elle irait chez une autre voisine. Elles sont donc revenues chez moi 30 minutes puis elle a réessayé de sonner à la porte et a réussi à retourner chez elle avec sa fille. Vers 8h00, j’ai entendu sa petite qui était chez eux et le soir même, nous avons vu cet homme conduit par une autre personne ainsi que sa femme à l’arrière, il nous a salué par la fenêtre du véhicule, un air angélique !
Je me fais du souci car cet homme n’est pas bien psychologiquement. Nous avons entendu qu’il avait déjà été interné et qu’il était sous médication (et passablement d’alcool !). Il doit certainement souffrir de bipolarité et n’a pas un suivi constant, je suppose. Mais ce n’est pas la première fois qu’il l’insulte dans le couloir du bâtiment, tard dans la nuit. Il met très souvent la musique très fort (je l’entends alors qu’il y a 2 autres appartements qui nous séparent) et j’ai déjà averti plusieurs fois la gérance qui l’a rappelé à l’ordre mais cela ne dure jamais très longtemps. Même quand la petite avait quelques mois, il mettait la musique à coin à des heures folles.
Que dois-je faire au jour d’aujourd’hui par rapport à la maman et sa petite ? Si ce n’est être là pour elles en cas de besoin. Je ne sais pas si elle souffre de violence physique en plus. Je n’ai pas osé lui demandé. Elle vient de Syrie et est en Suisse depuis 4 ans je crois et ils se sont mariés l’an dernier. Je pense qu’elle ne connaît pas ses droits ici et elle n’a aucune famille, aucun voire très peu d’ami car je la vois toujours seule avec sa fille, depuis toujours.
Merci pour votre aide et belle journée. Cordialement, Lisa
Notre réponse
Bonjour Madame,
Vous êtes inquiète pour votre voisine et sa petite fille qui sont victimes de violence domestique. En plus de nuisances sonores à toute heure, vous avez plusieurs fois été témoin de fortes insultes de la part de votre voisin envers sa femme, dans le couloir du bâtiment. La semaine dernière, celui-ci les a mises à la porte de l’appartement en les dénigrant et les insultant. Vous êtes venue en aide à Madame et sa fille en les invitant à venir se réfugier chez vous. Vous vous faites du souci pour elles et nous demandez comment agir pour les soutenir au mieux.
Nous comprenons bien vos inquiétudes que nous partageons, vous avez bien fait de nous écrire. Il n’est pas évident de se retrouver confronter à ce genre de scènes et de savoir comment réagir. La violence domestique a longtemps été perçue comme appartenant à la sphère privée, ce qui empêchait malheureusement l’entourage de prendre action afin de briser ce silence et condamner la violence. Nous aimerions vous féliciter d’être intervenue auprès de cette mère et sa fille. Vous les avez accueillies chez vous afin qu’elles puissent être en sécurité et avez répondu à leurs besoins. Votre soutien est précieux et savoir que votre porte reste ouverte en cas de besoin peut être déterminant en cas de crise.
Ce que vous observez s’apparente à de la violence psychologique (cris, insultes, rabaissement, racisme) mais la violence domestique se déroule habituellement sous la forme d’un cycle. Avec le temps, il existe le risque que l’auteur de violence psychologique recourt à la violence physique si ce n’est déjà le cas. Une instabilité psychique ainsi que la consommation d’alcool sont des facteurs pouvant favoriser l’expression d’une violence déjà existante mais ne sont pas des causes directes de la violence. Il est important d’agir pour stopper cet engrenage. La violence domestique est interdite par la loi et a de graves conséquences pour les victimes et les enfants.
De nombreux freins empêchent les femmes de sortir de la violence domestique, auxquels viennent s’ajouter des obstacles supplémentaires pour les femmes d’origine étrangères, surtout lorsqu’elles ont été isolées comme semble l’être votre voisine : l’insuffisante maîtrise de la langue, la méconnaissance de leurs droits et des structures d’aide, l’absence de réseau social, le risque de mise en danger de leur permis de séjour…
Nous vous encourageons donc à engager la discussion avec votre voisine afin de lui donner des conseils pratiques ainsi que l’informer des différentes ressources pouvant lui venir en aide et l’accompagner à faire ses démarches si elle le souhaite. Dans sa situation, nous conseillons de prendre contact avec un centre d’aide au victime (centre LAVI). Dans le canton de Vaud, il existe trois antennes joignables par téléphone : centre LAVI Aigle 021 631 03 04, centre LAVI Lausanne 021 631 03 00, centre LAVI Yverdon 021 631 03 08. Les consultations sont gratuites et anonymes. Des professionnel-le-s pourront l’écouter, l’informer sur ses droits et sur les possibilités qui s’offrent à elle. Si elle le souhaite, elle pourrait aussi demander un hébergement pour elle et sa fille au Centre d’accueil MalleyPrairie afin d’être en sécurité et de prendre du recul sur sa situation. Votre voisine peut joindre le centre au 021 620 76 76.
En cas de nouvel épisode de violence, nous vous encourageons également à appeler la police au 117 afin qu’elle puisse intervenir et protéger les victimes. Informer une autorité peut parfois représenter un signal clair que ces comportements violents sont intolérables et faire évoluer la situation.
Sur notre site, la section pour l’entourage, vous apportera des informations complémentaires. En effet, ces situations peuvent également être difficiles émotionnellement pour les témoins. Nous vous invitons à écouter vos ressentis et prendre soin de vous. Nous espérons que notre réponse vous aura aidée et que la situation pourra s’améliorer. N’hésitez pas à nous écrire à nouveau si vous avez d’autres questions ou si vous souhaitez nous donner des nouvelles de la situation. Nos meilleures salutations.