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Témoin de violence de couple, comment agir sans briser notre amitié?

17 février 2021 – Eli…

Bonjour,

Je vous écris pour demander conseil, concernant la situation d’une amie. Celle-ci ne sait pas que j’entreprends cette démarche. Pour simplifier ma question, je vais l’appeler Lucie. Voici en bref, la situation:

Mon amie Lucie s’est mise en couple il y a quelques années avec un homme que nous ne connaissions pas. Avec d’autres amies communes, nous avons découvert qu’il y avait un sérieux problème lors d’une fête qui avait lieu au sein du village où vit ce couple. Je précise que ce village est assez éloigné de la vile où nous (les amies de Lucie) vivons, et nous avions fait le déplacement spécialement pour la voir. Nous avions prévu de dormir chez elle.

Ce soir-là, son compagnon a eu une crise d’agressivité parce que Lucie n’était pas rentrée avec lui mais était restée danser avec moi et une autre amie. Quand nous sommes rentrées, nous avons découvert nos affaires (à moi et à l’autre amie) éparpillées dans le jardin, le compagnon de Lucie les avait lancées par la fenêtre. Mon téléphone portable était cassé en 4 morceaux. Apparemment, il aurait lancé des meubles à travers l’appartement et c’est comme cela qu’il aurait été cassé… Durant toute la soirée, nous avons entendu crier. Nous étions très inquiètes, mais Lucie nous a écrit pour nous dire que ça allait, mais qu’il fallait qu’on aille dormir chez sa voisine. C’était le premier et le seul épisode de violence physique auquel j’ai assisté.

Toutefois, d’ autres épisodes ont eu lieu par la suite, lors desquels nous avons eu l’impression que le conjoint de Lucie était jaloux, culpabilisant et réticent à la laisser s’éloigner du village (elle culpabilise dès qu’elle est absente plus d’un jour). Lucie nous avait expliqué que son conjoint avait des problèmes d’alcool et que quand il boit trop il a parfois des crises d’agressivité, mais « jamais dirigées contre elle ». Quand on l’appelle pour prendre des nouvelles, elle dit que ça va mieux, que c’est de l’histoire ancienne, elle relativise…

Toutefois, il est parfois arrivé qu’elle nous envoie un message pour dire vouloir s’en aller mais ne pas y arriver. De manière générale, il nous est difficile de la voir, puisqu’elle habite loin et nous sommes inquiètes pour elle.

Ma question est la suivante : Face à cette situation, comment devrions-nous réagir? D’une part, nous avons peur de confronter Lucie, de lui dire directement nos craintes ou ce que nous pensons des réactions de son compagnon parce que nous avons peur que cela la blesse et l’amène à ne plus nous faire part de ce qu’elle vit. Nous avons peur de perdre le contact avec elle, comme elle est déjà très isolée géographiquement. D’autre part, en ne disant rien, nous avons peur de banaliser la situation…

Auriez-vous des conseils à me donner?

Notre réponse

Bonjour Madame,

Si nous comprenons bien, votre amie vit de la violence conjugale dont vous avez été témoin. Votre amie minimise la situation et à d’autres moments vous envoie des message d’appels à l’aide. Vous aimeriez savoir comment réagir sans perdre contact avec elle ni banaliser la situation. Vous craignez une rupture de lien et un renforcement de son isolement. Vous vous sentez impuissante et c’est pourquoi vous nous contactez.

Au vu des éléments que vous avez pu observer, votre amie vit dans un contexte de violence conjugale. Cette dernière peut-être de plusieurs types, notamment psychologique. Comme vous avez pu le constater, il peut être compliqué d’aborder le sujet et d’agir dans ce genre de situation. Votre amie se trouve dans un cycle de violence conjugale dont il est difficile d’en sortir seule. Selon l’étape du cycle, le discours de la victime peut varier face à son agresseur·e. Pour ces personnes victimes, il est important de pouvoir compter sur des personnes extérieures à la relation pour s’en sortir. C’est pourquoi notre premier conseil serait de verbaliser votre soutien à votre amie, quoiqu’il advienne. Le choix de poursuivre cette relation lui appartient, mais vous pouvez rester présente à ses côtés au besoin, vous montrer soutenante et non jugeante face à sa volonté de poursuivre ou non sa relation. Nous vous recommandons de respecter son rythme afin de ne pas la brusquer et risquer effectivement qu’elle s’isole de ses ami-e-s qui sont pourtant une ressource importante.

De plus, il existe des adresses utiles à connaître si votre amie souhaitait à un moment donné votre accompagnement. Sur le Canton de Vaud, le Centre d’accueil Malley Prairie (021 620 76 76) est spécialisé dans l’accompagnement de personnes victimes de violence conjugale. Les intervenant·e·s peuvent se déplacer dans les différentes régions du canton de Vaud, il s’agit de la prestation Itinérance. Un hébergement est également possible sur Lausanne. Le Centre LAVI (021 631 03 00) peut également soutenir les personnes victimes sur les plans psychologique, juridique ou de protection. Ce centre se base sur la Loi fédérale d’aide aux victimes. Leurs bureaux se trouvent à Aigle, Lausanne et Yverdon-les-bains. Ils sont joingables 24/24h et les entretiens sont gratuits et confidentiels. L’Equipe Mobile d’Urgences Sociales (0848 133 133) peut se déplacer en tout temps à domicile ou dans tout autre lieu souhaité pour une rencontre afin de soutenir les personnes en difficultés.

Votre amie peut aussi désirer poursuivre la relation avec son compagnon tout en acceptant une aide professionnelle extérieure. Le couple pourrait faire appel à des conseillers conjugaux ou thérapeutes de couple. Ces profesionnel·le·s peuvent être contacté·e·s au travers des consultations de couple du Centre social protestant (021 560 60 70) ou de la Fondation PROFA (021 631 01 62), selon le lieu de vie du couple. Il existe aussi la ligne info couple (0840 860 860).

Concernant les problèmes de consommation excessive d’alcool, une ressource pour eux pourrait être la Croix bleue romande (021 633 44 32) ainsi que la ligne d’écoute SOS alcool (0848 805 005).

Pour en revenir à votre rôle, si vous êtes à nouveau témoin d’une scène de violence, vous pouvez appeler la police au 117. En effet, la violence conjugale peut être composée d’infractions punies par la loi. Une partie de celles-ci peuvent être poursuivies d’office. Suite à un appel à la police, différentes procédures peuvent s’ouvrir: expulsion du domicile pour la personne auteure, dépôt de plainte et possibilité séparation. Des mesures de protection peuvent être mises en place pour protéger la personne victime.

Nous espérons que vous avez trouvé dans ces pistes les conseils que vous cherchiez. Nous restons bien entendu à votre disposition si vous avez besoin de compléments d’information.

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