10 mai 2023 – CS…
Je suis une professionnel de santé à l’hôpital et je suspects que mon patient subi de la violence à la maison. Que puis-je faire? Merci
Notre réponse
Bonjour Madame,
Vous suspectez que l’un de vos patient subit de la violence domestique et vous nous demander conseil afin de savoir ce que vous pouvez faire. Vous avez bien fait de prendre vos soupçons au sérieux et de nous contacter car les professionnel·le·s de la santé sont au premier plan pour détecter la violence puis orienter la personne victime vers les services spécialisés. Cependant, il est souvent tout autant délicat pour la ou le professionnel·le d’aborder la question (manque de connaissance, peur d’offenser la personne, etc) que pour la personne victime (peur, honte, etc). Pourtant, les études montrent que la majorité des victimes sont favorables au dépistage de la violence domestique par les professionnel·le·s de la santé. Aborder la question, demande néanmoins de pouvoir répondre aux besoins des personnes subissant de la violence. De manière générale, les réponses adaptées sont celles qui légitiment le vécu de la personne, la prennent au sérieux, qui reconnaissent ses droits et besoins et qui accompagnent vers l’aide nécessaire.
Plus concrètement, voici quelques outils qui peuvent vous aider à entrer en matière :
- Détecter la violence : Vivre dans un contexte de violence peut entraîner des conséquences multiples et graves sur l’état de santé. Des plaintes vagues, des symptômes chroniques sans explications physique, des problèmes psychosomatiques, des blessures qui ne correspondent pas à l’explication donnée ou un isolement social sont des exemples de signaux d’alerte à considérer. Oser questionner délicatement, sans jugement et de manière confidentiel (hors présence du ou de la partenaire) permet d’offrir la possibilité à la personne de briser le silence. Vous pouvez lui demander, par exemple :
-Parfois, lorsque des personnes rencontrent des difficultés comme les vôtres, on se rend compte qu’elles ont des problèmes à la maison. Est-ce votre cas ?
-Comment décririez-vous la relation avec votre partenaire ? Comment ça se passe quand vous vous disputez ?
-Est-ce que votre partenaire essaie de vous contrôler ? Avez-vous parfois peur de ce que votre partenaire pourrait dire ou faire ?
Si la personne de déclare aucune violence mais que vos doutes persistent, vous pouvez toujours lui dire que vous êtes inquiète, lui donner des adresses utiles et lui communiquer que vous restez disponible si elle souhaite en parler plus tard. Nous vous conseillons également de garder une trace de vos soupçons et observations dans le dossier.
- Offrir un message clair de soutien : Lorsqu’une personne subissant des violences se confie sur ce qu’elle vit, il est important de prendre la violence au sérieux, sans la minimiser, la justifier ou la banaliser. Il est nécessaire de rappeler que la violence est interdite par la loi et que la seule personne responsable est celle qui commet les actes de violence.
- Traiter la situation : Votre rôle n’est pas de traiter la violence ni d’assumer la pleine responsabilité de la prise en charge de la situation de violence. Il est important de respecter vos limites personnelles et professionnelles. Cependant, vous pouvez agir un bout en tant que professionnel·le·s de la santé puis orienter vers les services spécialisés. N’hésitez pas à demander du soutien à vos collègues ou à votre hiérarchie. Sortir de la violence domestique est un processus souvent long et difficile, il est nécessaire d’accompagner la personne victime en respectant ses choix et son rythme.
- Informer et protéger : Il est utile d’informer la personne de ses droits (voir la section « vos droits ») et de l’existence des services d’aide spécialisés. Elle peut s’adresser au centre d’aide aux victime un centre d’aide au victime (centre LAVI). Dans le canton de Vaud, il existe trois antennes joignables par téléphone : centre LAVI Aigle 021 631 03 04, centre LAVI Lausanne 021 631 03 00, centre LAVI Yverdon 021 631 03 08. Les consultations sont gratuites et anonymes. Des professionnel·le·s pourront l’écouter, l’informer sur ses droits et sur les différentes possibilités d’aide. Si votre patient le souhaite, un hébergement d’urgence peut également être organisé afin d’être en sécurité et de prendre du recul sur sa situation.
Finalement, nous vous invitons à consulter la section « pour l’entourage » de notre site qui vous apportera des informations complémentaires. En effet, ces situations peuvent également être difficiles émotionnellement pour les témoins. Nous vous invitons à écouter vos ressentis et prendre soin de vous.
Nous espérons que notre réponse vous sera aidante et nous vous souhaitons bon courage dans le soutien de votre patient. N’hésitez pas à nous réécrire si vous avez d’autres questions ou pour nous donner des nouvelles de la situation. Nos meilleures salutations.