30 mars 2022 – 123…
Bonjour, Je me permets de vous écrire car je suis démunie. Le couple de cinquantenaires qui habitent en-dessous de chez moi se disputent parfois violemment à mon sens. Je ne sais pas à quelle fréquence car je ne suis pas toujours chez moi. Ce matin, ils se sont disputés environ 20 minutes. C’était assez représentatif d’autres disputes. Je n’entends pas ce que dit la femme mais l’homme lui hurle dessus: « vieille pute », « salope », « ta gueule », « de toute manière tu ne sers à rien ». Je crois qu’il n »y a pas de violence physique mais je trouve qu’il s’agit de violence psychologique. J’avoue que sur le moment je suis tétanisée. J’ai appelé une fois après coup la police qui m’a dit de les rappeler dès que cela se reproduit mais je ne suis pas persuadée de la démarche et quand ça arrive la tétanie m’empêche de réagir comme je le devrais. Je n’ai pas un bon contact avec ce couple: elle est très retenue et j’ai toujours essayé de maintenir une distance avec lui car je l’ai toujours senti comme quelqu’un de malsain, même bien avant que leurs disputes ne commencent. J’ai pensé par exemple à afficher des flyers contre la violence domestique sur les boîtes aux lettre pour lui laisser sous-entendre que ses actions ne sont pas tolérables. Mais je ne sais pas si c’est une bonne idée. Pourriez-vous me conseiller svp? Merci d’avance.
Bonjour Madame,
Il vous arrive d’entendre vos voisins se disputer violemment. L’homme insulte et dénigre sa femme. La police vous a conseillé de les appeler aux moments des faits, mais la sidération de la scène vous empêche de le faire. Vous vous questionnez s’il est possible ou non, d’une quelconque manière, de signifier à monsieur que son comportement est inacceptable. C’est pourquoi vous nous demander conseils.
Tout d’abord, nous tenons à saluer votre démarche de vouloir intervenir pour protéger cette femme qui est victime de violence de son époux. Vos inquiétudes et votre tétanie sont justifiées. Longtemps, la problématique était perçue comme une affaire privée. Ce tabou était donc un frein pour que les gens osent dénoncer et/ou appeler la police. Il s’avère que d’entendre, sans voir les actes de violences, peut également retenir une démarche d’aide par peur de se tromper sur ce que nos yeux n’ont pas pu confirmer. Or, l’intervention d’un voisin, comme vous, peut être déterminante pour la sécurité de la victime.
En effet, ce que vous décrivez est apparemment de la violence psychologique. Il existe un risque de glissement vers des agressions physiques. Si rien ni personne ne stoppe cet engrenage, la situation pourrait encore s’aggraver. Il est important pour la victime et tout individu, de pouvoir briser le silenceet nommer l’interdit. Toutes formes de violence est contraire à la loi et légitime une intervention des forces de l’ordre.
Dans votre cas, c’est ce que nous préconisons. Appeler la police est la démarche la plus sécure que ce soit pour vous, comme pour la victime. Toute autre intervention pourrait vous exposer de manière inconfortable, sauf si la femme concernée venait vous demander de l’aide. Si vous n’y parvenez pas pour les raisons que vous évoquez, il y a toujours la possibilité de dénoncer les faits par écrit à l’autorité compétente, soit le Ministère Public. Les violences domestiques sont effectivement poursuivies d’office depuis plusieurs années maintenant.
Si vous souhaitez en discuter de vive voix avec des professionnel-l-e-s du domaine, vous pouvez prendre contact par téléphone avec la LAVI qui est la Loi d’Aide aux Victimes d’Infractions au 022.320.01.02 ou avec l’Association AVVEC joignable au 022.797.10.10. Vous trouverez écoute et conseils pour vous accompagner dans votre questionnement. Il existe également une ligne d’écoute cantonale pour les situations de violences domestiques: 0840 110 110.
Nous espérons avoir pu vous donner des pistes utiles à votre réflexion et vous souhaitons que la situation s’améliore bientôt. Nous restons à disposition pour toute autre question et aussi pour recevoir de vos nouvelles.
Recevez nos plus cordiaux messages.