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Est-ce de la violence conjugale?

01 décembre 2020 – L1C…

Je suis en couple depuis 5 ans et depuis 3 ans j’ai observé une vraie dégringolade de l’ambiance de la relation. Nous sommes en tension constante et il y a plus de conflits que de moments heureux. Nous sommes en thérapie depuis un moment, mais la thérapeute m’a dernièrement proposée un suivi en individuel, qui tourne principalement autour de la thématique « pourquoi j’accepte cette relation »… ce qui m’a évidemment poussé à faire plus de recherches.

Pour les détails de nos conflits: mon mari se vexe pour un rien et entre dans des bouderies sans fin. Cela peut durer des semaines. On ne peut tout simplement pas être d’avis contraires. Une spirale s’enclenche alors, qui ne termine que si je capitule ou par un gros clash où on parle de séparation (voire on la concrétise, pour revenir sur nos pas le lendemain).

Quand cette sensibilité est blessée, il va « chercher » la tension, en demandant souvent de parler, mais d’une manière non productive, ou tous les problèmes sont soulevés et aucun ne peut-être résolu. Nous avons tenté d’apprendre les manières de communiquer non agressivement mais il ne veut pas les appliquer parce que ça fait « chochotte »). Entre les discussions, dans les moments de tension, il est passif agressif. Plus rarement, des discussions escaladent et il finit par exemple par taper/pousser la table, cogner une porte, jeter un coussin au travers de la pièce, etc.

Lorsque nous allons bien cela ne dure pas 3 jours qu’il lance une bombe émotionelle et détruit ainsi toute la sécurité qu’on a pu reconstruire. Mais tout cela reste peu « épique » (par exemple il me lancera que « malgré notre bonne entente il ne me fait pas confiance », ou alors après un serrage de bras il me dira que « ah oui, je voulais te dire, je trouve ton odeur étrange. C’est pas ton parfum, c’est ton corps. C’est pas encore désagréable, mais je le remarque quand je te serre dans les bras »… Évidemment ça me bouscule, mais est-ce qu’il n’est pas juste franc?… Ou alors des injonctions contradictoires qui font penser à du double lien (« tu es trop carrée avec la nourriture pour notre enfant », mais quand notre enfant a des frites et une part de gâteau un jour il me corrige en disant « faut que tu arrêtes de penser que tu le nourris bien, ton enfant… ») je sais plus quoi faire pour faire bien. Ce sont toutes de petites choses.

Mais je sens que ma boussole intérieure se dérègle. Je ne suis même plus sûre de ce que je pense (je me questionne beaucoup sur mes limites, peut-être à être trop rigide dans mon éducation, ou trop directe dans mes propos, ou peut-être à vouloir trop…? ) ce sont toutes des pensées que je n’avais pas au début et nos 2 premières années ces caractéristiques ne semblaient pas le gêner…

Je ne vous demande pas un diagnostic… il y a bien trop peu d’éléments et ils ne sont décrits que par moi (qui n’ai d’ailleurs pas non plus un tempérament à subir, d’où les conflits nombreux). Mais je me sens perdre pieds. D’autant plus que je n’arrive pas à mettre fin à cette relation, alors qu’elle m’agresse bien trop souvent. Il m’a appelée « pute » et je l’ai laissé revenir… je ne me comprends plus… qu’est ce qui est juste de la répartie ou une réaction sous le coup de la colère, et/ou des aspects culturels/familiaux (par exemple tout le mond ne réagit pas fortement aux insultes, et dans certaines familles elles sont même monnaie courante sans créer de problème) et qu’est-ce qui est violence conjugale…?

Je suis en zone trouble et je ne sais pas si je me victimise ou si c’est vraiment un glissement vers de la violence… Je pense que j’ai juste besoin de verbaliser mon ressenti de manière clair et voir qu’il est entendu. Je vais évidemment reprendre cette thématique plus directement avec ma thérapeute, mais nous avons du annuler les dernières séances à cause du covid et d’isolement par-ci, par-là

Notre réponse

Bonjour Madame,

En couple depuis 5 ans, vous observez une détérioration de votre relation de couple depuis 3 ans et avez décidé d’entreprendre une thérapie de couple. Votre thérapeute vous a proposé un suivi individuel et cette démarche suscite en vous des questionnements et des doutes sur votre relation. De manière plus générale, vous vous sentez « déboussoulée » et vous ne savez plus quoi penser. Nous comprenons dans votre message que vous vous questionnez aussi sur la violence conjugale et vous vous demandez si c’est ce que vous vivez ou du moins si c’est la direction que prend votre relation.

Nous allons vous donner quelques éléments de réflexion qui, nous l’espérons, pourront vous aider.

Dans une relation de couple comme dans tout type de relation, les conflits peuvent survenir. Un conflit cristallise une opposition ou un désaccord sur un objet particulier et il met en présence deux personnes qui se trouvent sur un même plan d’égalité, deux sujets, en capacité l’un et l’autre d’exprimer et de faire valoir leur point de vue.  Chaque protagoniste a une liberté d’expression et leur intention est d’avoir raison sur le sujet conflictuel. Au final, il n’y a pas d’effets délétères sur les personnes.

A contrario, lorsqu’il y a de la violence au sein d’une relation, l’autre n’est pas placé sur un pied d’égalité et un compromis ne peut pas être trouvé puisqu’il s’agit d’avoir le pouvoir sur l’autre, le conflit n’étant qu’un prétexte pour arriver à cela. La personne auteure de violence cherche sous n’importe quel prétexte à vérifier et à réaffirmer sa domination sur la personne victime. Un cycle de la violence, qui se répète, se met alors en place. Enfin, la violence a des conséquences négatives sur tout le monde: en premier lieu sur la victime (peur, honte, culpabilisation, doutes etc…) mais aussi sur la personne auteure.  Les enfants lorsqu’ils sont témoins de violence sont aussi impactés et eux aussi victimes.

La violence au sein du couple , surtout lorsqu’elle est psychologique, n’est pas toujours facile à identifier puisqu’elle peut être subtile: propos dénigrants, contradictions (il est impossible pour la personne victime de « bien faire »), menaces, intimidations… Elle ne laisse pas de marques sur le corps mais n’est pour autant pas anodine pour la santé psychique et l’estime de soi de la personne victime.

Est-ce que ces éléments font écho à ce que vous pouvez vivre?

Nous souhaitons saluer tout ce que vous mettez en place: thérapie de couple, thérapie individuelle, tentative de mise en place de communication non violente ainsi que nous écrire afin de verbaliser ce que vous ressentez en attendant d’avoir un entretien avec votre thérapeute. Vous faites preuve de grandes ressources pour avancer de manière constructive pour votre bien-être, celui de votre couple et de votre famille or cela est loin d’être une manière de se victimiser. Pour qu’une thérapie de couple porte ses fruits, il est nécessaire que chacun-e soit prêt-e à prendre sa part de responsabilité et a rééllement engager un travail sur soi. Nous vous encourageons également à rester à l’écoute de vos signaux « d’alarme » intérieurs: ne plus savoir quoi penser, avoir le sentiment de perdre pieds , se sentir en zone trouble.

Nous espérons que vous pourrez prochainement pouvoir reprendre ces différents éléments avec votre thérapeute afin d’avancer dans votre cheminement.

Nous restons bien sûr à votre disposition si vous souhaitez nous réécrire, nous poser d’autres questions ou tout simplement nous donner de vos nouvelles. Nos meilleures pensées vous accompagnent et nous vous souhaitons que « votre boussole intérieure » retrouve son équilibre.

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