Questions et réponses

01-09-2025

Bonjour,

Vous nous écrivez car vous subissez des violences psychologiques de la part de votre mari avec qui vous êtes mariée depuis 48 ans. Il vous insulte, vous rabaisse, menace et dénigre régulièrement. De plus il vous bouscule et jette de la vaisselle dans les moments de colère. Aujourd'hui vous avez pris conscience que vous ne pouvez plus vivre dans ce climat et vous souhaitez trouver une issue vers une vie plus sereine loin de la violence. 

Avant tout nous souhaiterions, si vous nous le permettez, vous poser quelques questions afin de mieux vous venir en aide. Sentez-vous libre d'y répondre selon votre choix:

• Depuis combien de temps est-ce que votre mari recourt aux agissements violents que vous décrivez ? 
• Sur quelles ressources avez-vous pu compter jusqu'à ce jour? En avez-vous parlé autour de vous (hormis votre fils) ? A votre médecin par exemple ?
• Comment avez-vous fait pour tenir le coup jusqu'à aujourd'hui ?
• De quoi avez-vous besoin aujourd'hui pour franchir le pas et vous éloigner de votre mari ?

La violence au sein d’une relation de couple est interdite par la loi suisse. La plupart des actes de violence au sein du couple sont sanctionnés par le droit pénal. La loi protège l’intégrité physique, psychique et sexuelle de chaque personne. Les agissements que vous décrivez relèvent de violences physiques (bousculades, jets de vaisselle...) et psychologiques (menaces, dénigrements, insultes...). La violence psychologique est la plus méconnue et elle peut être subtile et difficile à identifier. Les agressions psychologiques ne laissent pas de marques sur le corps, mais elles font très mal et peuvent terroriser. Jamais anodine, cette violence atteint profondément l’estime de soi et la santé des victimes. 

Vous expliquez que votre mari " vous fait vivre l'enfer assez souvent puis ensuite tout rentre dans l'ordre mais que vous êtes toujours suspendue à de possibles éclats et que vous êtes totalement désemparée". Ce que vous décrivez correspond au cycle de la violence qui est constitué de 4 phases: il y a une première phase où la tension monte (la victime repère parfois déjà des signes de violence et marche sur des oeufs pour tenter de garcer la tension basse), ensuite la violence explose (l'auteur agit avec violence pour se décharger, la victime se sent impuissante et terrorisée et souvent se conforme aux exigences de l'auteur pour le calmer), ensuite l'auteur se justifie et fait douter le partenaire (durant cette phase l'auteur justifie ses actes et remet la resposabilité de ce qui se passe à la victime en inversant la situation, cela a pour effet d'embrouiller l'esprit de la victime qui perd parfois le contact avec la réalité et ne parvient plus à distiguer le vrai du faux) et en dernier la phase "lune de miel" durant laquelle l'auteur s'excuse et promet de ne plus recommencer. La victime reprend espoir et espère sincèrement que cela soit vrai. 

Il est souvent difficile de rompre ce cycle infernal sans soutien extérieur. Briser le silence et l’isolement, parler de sa situation est une étape importante pour y arriver et c'est ce que vous avez fait en nous écrivant. 

D'après votre récit nous comprenons que vous êtes au clair avec ce qui se passe et que vous avez pu identifier ces actes comme étant de la violence. En même temps vous vous sentez responsable de votre époux qui dépend financièrement de vous et qui, par moment, n'use pas de violence. Ce sentiment ambivalent est tout à fait normal: un lien de longue date vous unit et quand-bien même vous ne supportez plus ces agissements, la peur liée à un avenir nouveau peut, peut-être, vous effrayer. Nous comprenons tout à fait ce sentiment et en parler avec des spécialistes pourrait vous permettre de vous sentir comprise, soutenue et accompagnée dans votre réflexion, sans aucune obligation.

Dans le canton de Vaud il existe un centre d'accueil pour les femmes victimes de violence, il s'agit du Centre Malley-Prairie, 021 620 76 76, en avez-vous déjà entendu parler? Dans ce centre vous pourrez trouver une écoute attentive, un soutien psychologique, administratif et juridique. De plus, ce centre offre un hébergement sécurisé aux femmes victimes de violence, ce qui pourrait vous permettre de vous mettre en sécurité le temps d'entreprendre des démarches afin de trouver un nouveau logement. Vous exprimez une inquiétude par rapport à l'aspect financier car vous entretenez le ménage et votre mari dépend économiquement de vous. Mais si cela peut vous rassurer votre mari ne se trouvera pas démuni, de son côté l'aide sociale pourra lui venir en aide pour que ses besoins soient pris en charge. Le fait que vous entreteniez le ménage ne justifie pas le fait que vous demeuriez exposée à la violence et que vous subissiez ces agissements. Vous avez le droit de vivre un quotidien serein et dans un contexte sûr pour vous-même. 

Une autre option qui s'offre à vous si vous souhaitez dans un premier temps plutôt parler par téléphone de ce que vous traversez est d'appeler la ligne de Vieillesse sans violence au 0848 00 13 13. 

Cette décision vous appartient, mais vous n'êtes pas seule et vous pouvez bénéficier de l'aide de spécialistes pour vous épauler et vous conseiller au mieux. Aussi, les spécialistes respecteront à tout moment vos décisions, prendre contact ne vous engage donc à rien que vous ne souhaiteriez pas. Notre porte est toujours ouverte si vous souhaitez nous poser d'autres questions en lien avec la violence au sein du couple. Nos pensées vous accompagnent.