Questions et réponses

04-07-2025

Bonjour,

Votre message exprime une profonde inquiétude et une grande douleur face à la situation que traverse votre enfant. Sentir son propre fils sous l’emprise de sa partenaire, tout en se sentant impuissant·e à l’aider, est une épreuve extrêmement éprouvante. Vous avez tout tenté pour maintenir le lien, et malgré votre présence constante, vous vous heurtez à un mur. Vous vous sentez à bout de ressources, épuisé·e, et en souci permanent : vos mots traduisent l’immense amour et l’engagement que vous portez à votre enfant.

Vous faites bien de chercher du soutien. Vous n’êtes pas seul·e, et il est essentiel de pouvoir prendre soin de vous dans cette traversée difficile.

Ce que vous décrivez – un enfant qui s’éloigne, rejette le dialogue, interprète toute tentative de contact comme une agression – est malheureusement fréquent lorsque quelqu’un est sous emprise. La relation toxique ou violente isole peu à peu la victime de ses proches, parfois au point de couper presque tout lien. Cela ne signifie pas que votre lien est rompu pour toujours, mais qu’il est pour l’instant fragilisé, suspendu.

Dans cette situation, votre posture est précieuse : rester disponible, sans jugement, prêt·e à écouter le jour où il pourra à nouveau vous entendre. Même si cela vous semble insuffisant, c’est aujourd’hui le meilleur moyen de préserver votre lien. 

Lorsque votre enfant sera prêt à parler ou à chercher de l’aide, vous pourrez lui proposer de l’accompagner, si cela lui est possible, au Centre LAVI du canton de Berne, qui offre un soutien confidentiel et gratuit aux personnes confrontées à des situations de violence. Le numéro de contact est le 031 370 10 10. Ce centre est habilité à offrir écoute, conseil, orientation, et si nécessaire un accompagnement juridique ou psychologique.

Malheureusement, tant qu’il n’est pas prêt, c’est bien de lui que doit venir la démarche, vous ne pouvez pas faire le chemin à sa place. Ce qui ne veut pas dire que vous êtes impuissant·e : votre présence bienveillante reste une ressource importante, même si elle est aujourd’hui rejetée.

Dans ce contexte, nous vous encourageons vivement à adopter une posture non-jugeante envers sa compagne. Même si vous avez perçu ou constaté des comportements préoccupants, il est essentiel de nommer les actes (contrôle, isolement, agressivité…) sans porter de jugement sur la personne. Cela permet à votre enfant de ne pas se sentir attaqué dans son choix amoureux, ce qui risquerait de le pousser encore davantage à se replier. Rester « juste là », dans l’écoute, sans pression ni interprétation, est souvent ce qui permet à la relation de ne pas se rompre complètement. C’est une posture difficile, mais c’est aussi la plus constructive à long terme.

Enfin, sachez que des structures existent aussi pour les proches de personnes sous emprise. Vous avez le droit d’être soutenu·e dans ce que vous vivez. Parler à un·e professionnel·le peut vous aider à mieux comprendre les dynamiques à l’œuvre, à trouver une posture apaisée, et surtout à prendre soin de vous. Vous pouvez entamer un suivi avec un thérapeute de votre choix ou faire aussi appel au Centre LAVI afin d'être orientée vers un spécialiste sensible à ce genre de dynamique relationnelle. 

Votre inquiétude est légitime, votre engagement est admirable, et votre constance est déjà une forme de soutien essentielle. Notre porte est toujours ouverte si vous avez d'autres questions en lien avec la violence au sein du couple ou simplement pour nous donner des nouvelles de votre enfant. Nos pensées vous accompagnent.