Bonjour,
L'une de vos amies subit de la violence psychologique de la part de son conjoint, avec qui elle est depuis plusieurs années. Depuis le début de leur histoire, votre amie est victime de chantages, d'exclusions, de rabaissements, d'insultes, etc. Il peut se montrer très charmant et changer rapidement, devenant alors violent et manipulant votre amie pour lui faire du mal. Votre amie se rend compte des violences mais est incapable de partir, elle pense pouvoir sauver son conjoint de ses blessures personnelles. Son conjoint est par ailleurs suivi par un psychiatre mais cela n'améliore pas la situation. Votre amie est isolée socialement et contrôlée par son conjoint (messages, appels téléphoniques). Vous et un groupe d'amies êtes restées autour d'elles mais vous ne savez plus quoi faire et avez peur de la perdre.
Vous avez bien fait de nous écrire, la situation de votre amie est en effet préoccupante. Les actes que vous nous relatez s'inscrivent bien dans de la violence psychologique: cette dernière est sournoise et s’installe peu à peu dans le couple par le biais du "cycle de la violence", que vous décrivez très bien dans votre message. Il s'agit de 4 phases de la violence, avec une période "lune de miel", vous la mentionnez lorsque vous décrivez des périodes où le conjoint de votre amie est "parfait pour elle", des "périodes joyeuses/heureuses". Pourtant, sans aide extérieure pour briser ce cycle, les violences se répètent de plus en plus fréquemment et, en se répétant, engendrent un risque d’augmentation de la violence et c’est ainsi que l’auteur peut amplifier son emprise tout en annihilant l’identité de la victime. Nous retrouvons bien ces éléments dans votre question lorsque vous écrivez qu'elle s'efface, qu'elle n'existe plus sans lui, mais également qu'il exerce un contrôle sur elle, notamment de ses fréquentations par le biais des moyens de communication.
Les conséquences de cette emprise ou contrôle engendrent de la peur, de la confusion, de la perte de confiance et d’estime de soi. Ces symptômes empêchent ou rendent plus difficiles toute prise de décision, d'autant plus que la victime est souvent isolée par son/sa conjoint/e, comme vous le décrivez aussi dans votre question. Cet isolement est souvent l'une des manières pour l'auteur-e de contrôler son emprise sur la victime et rend les démarches d'aide plus difficiles. Dans ce cas de figure, votre présence et votre constante préoccupation pour votre amie sont des ressources précieuses.
Pourtant, il est toujours très difficile pour l'entourage de savoir comment agir. Il se sent souvent démuni, impuissant. Vous dites ne plus savoir quoi faire pour l'aider à sortir de cette relation, et nous vous comprenons tout à fait. Une section de notre site internet est entièrement dédiée à ce rôle de "témoin", nous vous encourageons à y jeter un oeil car cela pourrait vous être utile et faire écho à votre situation.
Nous tenons particulièrement à saluer votre démarche de nous contacter, ceci témoigne de vos inquiétudes et de votre envie de soutenir votre amie. Il est très important que votre amie ne reste pas seule dans cette situation. Le fait qu’elle vous en parle et qu’elle a pris conscience de sa situation est déjà un premier pas très important de sa part. Le deuxième pas serait celui de demander de l'aide et d'entreprendre des démarches afin de se protéger des violences. Cependant, elle seule peut décider de les entreprendre et ce choix ne peut pas être pris à sa place.
Afin de l'encourager à demander de l'aide, peut-être pourriez-vous lui donner le lien de notre site? Au moment que vous jugerez opportun, vous pourriez à nouveau lui faire part de vos inquiétudes pour sa sécurité psychique et physique, en mentionnant qu’elle a la possibilité de chercher de l’aide auprès de services spécialisés. Si cela peut la rassurer, vous pouvez également lui dire que consulter ces services d'aide ne l'obligent ni à porter plainte contre son conjoint, ni à une séparation.
Dans le canton de Genève, elle pourrait prendre contact avec l'association d'Aide aux Victimes de Violences en Couple (AVVEC) qui apporte un soutien psycho-social aux victimes ainsi que des informations pratiques, juridiques et sociales utiles. Elle propose une permanence téléphonique les lundis, mardis jeudis et vendredis de 14h à 17h au numéro (022) 797- 10-10 ainsi qu'une permanence dans leurs locaux (Rue de Montchoisy 46) tous les mardis entre 16h et 18h. Elle s'engage aussi à organiser une séance d'information collective tous les jeudis à 9h dans leurs locaux. Pour finir, elle propose également des séances individuelles avec un-e professionnel-le du domaine des violences domestiques qui pourra écouter votre amie et la conseiller selon ses besoins et à son rythme tout en lui proposant des solutions adaptées. Toutes ces prestations sont confidentielles et gratuites. Nous espérons que l'une des modalités proposées ci-dessus pourrait convenir à votre amie pour une première approche, en sachant que vous pourriez lui proposer de l'accompagner si cela peut la rassurer.
Par ailleurs, cette association permet aussi aux proches des victimes d'avoir un espace où se confier et demander de l'aide, vous pouvez les contacter sans hésiter en cas de besoin.
La violence sous toutes ses formes étant interdite par la loi, votre amie a toute légitimité de vouloir s’en protéger et vous pourriez également prendre la décision de signaler la situation de votre amie à la police si vous sentez qu'elle est en danger. En effet, quiconque a connaissance de violences conjugales au sein d'un couple peut dénoncer la situation à une autorité pénale, à savoir à la police (via le numéro du 117) ou directement au Ministère Public qui dépend de leur arrondissement par écrit. A noter que si une scène de violence éclate, vous êtes / elle est vivement encouragée à appeler la police au 117 ceci 24h/24 afin qu’elle puisse intervenir et protéger les victimes.
Nous tenons à souligner à nouveau l'importance d'écouter vos ressentis et de prendre soin de vous. Nous espérons que notre réponse vous aura aidée et que la situation pourra s’améliorer. N’hésitez pas à nous écrire à nouveau si vous avez d’autres questions ou si vous souhaitez nous donner des nouvelles de la situation. Avec nos meilleures salutations.