02 juillet 2021 – Col…
Bonjour,
C’est le pédiatre de mon fils qui veut faire appel au SPJ/l’AEMO pour mon mari et je prends conscience qu’il a pris un certain contrôle sur notre famille. Il n’est pas violent physiquement (quelques rares fessées aux enfants mais je vois bien qu’ils ont peur de lui) mes enfants eux-mêmes ne veulent plus vivre avec leur papa. Je ne sais pas si le SPJ va suffit ou si je dois le quitter.
Je voudrais retrouver la liberté de choisir les vêtements de mes enfants par exemple. Mais j’ai du mal à me reconnaître comme « victime de violence » alors j’ai peur que mes décisions soient trop radicales par rapport à lui.
Est-ce moi qui vit les choses trop intensément ou je suis vraiment sous emprise même minime et je dois me sortir de là ?
Notre réponse
Bonjour Madame,
Vous vous questionnez sur l’avenir de votre couple ne sachant pas si vous devez vous séparer ou non. Vos doutes semblent être intervenus lorsque le pédiatre de vos enfant a dit vouloir contacter le SPJ à propos du comportement de votre mari. Peut-être ces doutes sont-ils apparus plus tôt encore ? Vous nous dites prendre conscience que votre époux exerce un certain contrôle sur vous mais il vous est toutefois difficile de vous reconnaître en tant que victime. Vous vous interrogez sur la légitimité de votre ressenti, sur les décisions à prendre ainsi que sur une éventuelle emprise de votre mari sur vous.
Nous avons peu d’éléments concernant les actes de votre mari qui ont poussé le pédiatre à faire un signalement au SPJ. Il y a aussi peu de description de son comportement au sein de votre couple mais nous allons néanmoins pouvoir faire exister ceci :
La violence existe sous plusieurs formes et n’est pas que physique. Elle peut être aussi psychologique, économique et sexuelle. Le contrôle est une violence de type psychologique. Cette dernière peut en effet, sur du plus ou moins long terme, permettre à l’auteur-e d’exercer de l’emprise sur son/sa conjoint-e ou même sur les enfants. L’emprise s’installe en principe par le biais d’une dynamique répétitive dans la relation nommé cycle de la violence. Les conséquences de la violence, de l’emprise peuvent se manifester entre autres par de la perte de confiance, de la peur et de la confusion.
La violence est interdite et la plupart des actes peuvent être sanctionnés par le droit pénal, et celle exercée sur les enfants est motif à dénonciation aux services de protection de la jeunesse. Les parents ont le devoir de protection envers leurs enfants et si l’un est inadéquat, l’autre doit les en protéger. Mais quelles mesures l’autre parent peut-il mettre en place et doivent-elles être « radicales »?
Ceci nous emmène à votre question sur le divorce. Ce n’est pas forcémment LA solution, la seule et unique, mais elle peut l’être si vous estimez que le seul moyen de vous protéger vous et vos enfants est de partir. Toutefois, le premier pas qui peut conduire à trouver de l’aide est de sortir du silence et vous l’avez d’ores et déjà fait. Bravo pour cet acte courageux qui est souvent le plus difficile !
Nous ne pouvons passer outre le sujet de la reconnaissance du statut de victime. C’est une démarche difficile mais nécessaire car elle amène sur le chemin de la prise de conscience et c’est certes douloureux. En parallèle, elle a le mérite de mettre du sens et d’aider à débuter une reconstruction.
Victime de violence ou non ? Sous emprise ? Partir ? Divorcer ? Nous ne pouvons répondre à toutes ces questions et par ailleurs il nous manque des informations pour vous répondre précisément mais quelques éléments pourraient mettre la puce à l’oreille, notamment quand vous mentionnez ne pas avoir la liberté de choisir les vêtements de vos enfants. C’est pourquoi, pour évaluer votre situation et trouver de l’aide nous pouvons vous aiguiller vers le Centre d’accueil MalleyPrairie qui est spécialisé dans la problématique de violence dans le couple et de la famille. Vous pouvez contacter les professionnel-le-s au 021.620.76.76. Les prestations sont gratuites et confidentielles, et vous pourrez recevoir des conseils par téléphone ou lors de RDV ambulatoires sur place. Avec elles/eux, vous pourrez réfléchir aux diverses questions qui vous habitent.
Nous espérons avoir pu vous apporter des éclairages utiles et vous souhaitons plein de courage pour la suite. Nous restons volontiers à disposition pour d’autres questions ou aussi pour recevoir de vos nouvelles.